Cette campagne choc détruit les CV des mères privées de leur carrière

Les chiffres sont accablants. Chaque année au Royaume-Uni, 74 000 femmes perdent leur emploi en raison de leur grossesse ou de leur congé maternité. Un chiffre en hausse de 37 % depuis 2016. Face à cette injustice persistante, l’organisation Pregnant Then Screwed a décidé de frapper fort avec “The Career Shredder”, une campagne aussi visuelle que symbolique qui met en lumière la “pénalité maternité” dont souffrent de nombreuses femmes.

L’idée est simple mais implacable : détruire symboliquement les CV de ces mères privées de leur carrière. Sur un écran géant installé à Westfield Londres, un destructeur de documents broie en direct les CV de femmes ayant été licenciées, rétrogradées ou discriminées après leur grossesse. Ce même dispositif est accessible sur le site careershredder.com, où chacun peut virtuellement déchiqueter son CV via LinkedIn pour sensibiliser à cette réalité.

Cette action choc s’accompagne d’une campagne d’affichage à travers le pays. Sur les panneaux publicitaires et dans les pages des plus grands médias, une phrase claque : “Mum, you’re fired” (“Maman, tu es virée”). Un slogan qui rappelle tristement que, pour de nombreuses femmes, être embauchée ne suffit pas : encore faut-il pouvoir garder son emploi après être devenue mère.

Des témoignages glaçants, un combat nécessaire

Le projet ne se limite pas à un coup d’éclat. À travers des spots publicitaires diffusés sur les principaux podcasts du pays, des femmes racontent leur histoire : rétrogradations sans raison, suppressions de poste à leur retour de congé maternité, absence totale de soutien de la part des employeurs. Un récit qui met en évidence une réalité brutale : moins de 2% des victimes ont les moyens de poursuivre leur entreprise en justice.

“Notre ligne d’assistance gratuite est saturée. Nous n’arrivons plus à gérer le nombre d’appels que nous recevons”, explique Joeli Brearley, fondatrice de Pregnant Then Screwed. “Nous soupçonnions que la situation empirait, mais découvrir que 74 000 femmes sont poussées dehors chaque année est un véritable choc.”

L’organisation s’appuie sur une étude menée auprès de 35 800 parents, avec un échantillon représentatif analysé par Women In Data. Elle révèle qu’une femme sur huit est soit licenciée, poussée à la démission ou mise sur la touche après avoir eu un enfant.

Une campagne qui interpelle mais qui propose aussi des solutions

Si “The Career Shredder” met en lumière un problème criant, elle propose aussi des solutions concrètes pour les employeurs telles qu’augmenter les congés paternité pour équilibrer la charge parentale et réduire la pression sur les mères, rendre le télétravail et les horaires flexibles sauf en cas de réelle impossibilité ou encore suivre les statistiques de rétention des femmes après leur maternité pour identifier les biais et améliorer les pratiques internes. Pour en savoir plus sur l’initiative lancée, rendez-vous sur le site officiel de l’association.

“Discriminer les mères n’a aucun sens, ni humainement, ni économiquement”, insiste Gemma Phillips, directrice créative de la campagne. “On se prive de talents, on détruit des carrières, et au final, tout le monde y perd.”

Un message puissant, une action radicale

Lancée en pleine période de retour forcé au bureau et alors que de nombreuses entreprises reculent sur leurs engagements en matière de diversité et d’inclusion, la campagne arrive à un moment clé. Loin d’être un simple cri d’alarme, elle espère faire bouger les lignes en forçant entreprises et décideurs à se confronter à une question essentielle : peut-on encore accepter que devenir mère soit un frein à la carrière ?

Si la réponse est non, alors il est temps d’agir.

Et dans un esprit similaire, nous vous invitons à (re)découvrir le Pink Chip, un nouvel indice boursier lancé par l’application d’investissement DEGIRO, qui suit en direct la performance des entreprises dirigées par des femmes.

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Cuisiniste Rouen
9 jours il y a

Le système joue effectivement contre la famille et en particulier les femmes (et hommes mais cela reste marginal) qui choisissent d’avoir des enfants et de les élever.

Il faut à la fois un changement de mentalité mais aussi un changement profond systémique afin de réduire le capitalisme et le besoin de rentabilité afin d’apporter plus d’humain au coeur de nos entreprises.

Visiblement, ce n’est pas pour demain.