Après plus d’une décennie d’attente et d’itérations, le Lucas Museum of Narrative Art est sur le point d’ouvrir ses portes à Los Angeles. Pensé comme un vaisseau spatial échappé d’un rêve de science-fiction, ce musée imaginé par George Lucas et dessiné par l’architecte Ma Yansong du cabinet MAD architects ambitionne de réécrire les codes du musée traditionnel. Son objectif ? Offrir enfin un écrin digne à toutes les formes d’art qui racontent des histoires, de Star Wars à Norman Rockwell.
Situé au cœur d’Exposition Park, sur un ancien parking réaménagé, le bâtiment de près de 28 000 m² semble littéralement flotter au-dessus du sol. Épuré, courbe, suspendu, le musée tranche radicalement avec les géométries figées des institutions culturelles classiques. Avec sa façade de 1 500 panneaux en polymère renforcé de fibre de verre, son toit-jardin végétalisé et ses lignes sculpturales inspirées de la nature, il évoque autant un vaisseau extraterrestre qu’une sculpture habitée.

Une architecture qui défie la gravité et les conventions
Le bâtiment surélevé abrite cinq niveaux d’espaces publics : galeries d’exposition, deux théâtres, bibliothèque, salles de classe, restaurants, boutiques et même un amphithéâtre extérieur. Un oculus elliptique surplombe la place centrale, symbolisant le passage entre l’environnement urbain et l’univers narratif du musée. L’expérience commence dès l’extérieur.
Un paysage qui se raconte comme une histoire
À l’extérieur, le Studio-MLA de Mia Lehrer a donné vie à un paysage en mouvement. Collines artificielles, prairies, canyons, passerelles, bosquets de conifères, jardins suspendus… Chaque détail est conçu pour offrir une promenade émotionnelle, comme un récit visuel en plusieurs chapitres. La flore a été sélectionnée pour évoluer au fil des saisons : jacarandas, sauges, leucadendrons… Chaque mois, une nouvelle palette, une nouvelle ambiance.
Le plus marquant ? L’accès aux jardins est libre. Même sans billet, le public pourra profiter des 4,5 hectares de verdure et des installations artistiques intégrées à ce théâtre végétal. George Lucas ne voulait pas créer un musée replié sur lui-même, mais un lieu de passage, de rencontre et d’imagination partagée.
Une collection qui redéfinit ce qu’on appelle « art »
Le contenu est à la hauteur de l’écrin. Le Lucas Museum abritera plus de 40 000 œuvres issues de la collection personnelle du réalisateur de Star Wars, accumulée depuis ses années d’étudiant. On y croisera aussi bien des planches originales de Peanuts ou Flash Gordon que des peintures de Frida Kahlo, des photographies de Dorothea Lange, des illustrations de Norman Rockwell ou des croquis de Star Wars et d’Indiana Jones.
Ici, l’art narratif est roi. Un art longtemps délaissé par les institutions, jugé « populaire », « commercial », voire trop accessible. Ce musée est un hommage à toutes les œuvres qui nous ont appris à rêver, à comprendre, à ressentir. Il ne s’agit pas seulement de science-fiction ou de nostalgie geek, mais de mémoire culturelle, de patrimoine visuel collectif.
Une réponse muséale à la puissance des récits
Le musée porte une mission claire : replacer la narration au cœur de l’histoire de l’art. Pour Georges Lucas, raconter est un acte d’architecture émotionnelle. L’art narratif est un miroir de nos valeurs, de nos luttes, de nos espoirs. Ce projet, entièrement financé par lui-même et son épouse Mellody Hobson, ouvrira ses portes en 2026.
Ce musée incarne une vision rare : celle d’un musée conçu non comme une vitrine élitiste, mais comme un “temple de l’art du peuple”. Il fallait un lieu inédit pour incarner cette ambition. D’où ce bâtiment presque irréel, aux lignes mouvantes, conçu pour susciter l’émerveillement dès le seuil.
Et dans un esprit tout aussi original, souvenez-vous, Nintendo a ouvert un musée, qui retrace l’histoire de ses jeux et consoles, à Kyoto au Japon.

















