À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’association britannique Women’s Aid et l’agence House 337 ont lancé une campagne aussi créative que percutante pour sensibiliser à la violence domestique. Intitulée « The Monster Who Came to Tea », (comprenez donc, « Le monstre qui est venu prendre le thé« ), cette initiative détourne les codes des livres pour enfants pour exposer une réalité bien trop souvent passée sous silence.
Derrière l’apparente douceur d’un récit pour enfants se cache une histoire poignante : celle d’une mère et de sa fille confrontées à la violence au sein du foyer. Racontée du point de vue de la petite fille, l’histoire prend une tournure saisissante lorsqu’on comprend que le « monstre » n’est autre que… son propre père.

Un conte pour enfants qui révèle une dure vérité
Ce dispositif narratif, à la fois simple et percutant, permet de mettre en lumière l’impact de ces violences sur les enfants, souvent témoins silencieux des abus. Une manière forte de briser le tabou et d’alerter l’opinion publique sur une problématique encore trop ignorée.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte politique crucial : Women’s Aid appelle le gouvernement britannique à renforcer les moyens alloués aux structures d’aide aux victimes, alors que se profile la révision du budget national.
La campagne s’appuie sur un dispositif plurimédia complet : un film mêlant prises de vues réelles et animation, une série d’affichages imitant les sorties littéraires pour enfants, des activations sur les réseaux sociaux et la publication d’un faux livre à forte portée symbolique.
Un film chargé d’émotion et de sens
Réalisé par Guy Manwaring, le court-métrage central de la campagne adopte un ton doux au départ avant de basculer dans une dimension plus sombre et réaliste. Raconté par l’actrice Anne-Marie Duff, il cherche à provoquer une prise de conscience en jouant sur le contraste entre l’innocence de l’enfance et la brutalité du quotidien de certaines familles.
L’émotion y est portée par une animation brodée avec soin, dans une esthétique inspirée des ouvrages jeunesse, et renforcée par une bande-son sobre mais évocatrice. Le message est clair : ce que l’on présente parfois comme une simple histoire peut, pour beaucoup, être une réalité douloureuse.
Une initiative éducative pensée sur le long terme
Au-delà de l’impact immédiat, l’association a souhaité inscrire cette campagne dans la durée. Des supports pédagogiques ont été créés pour les établissements scolaires, afin d’enseigner aux enfants les notions de respect, de consentement et de relations saines. Une démarche qui vise à prévenir les violences dès le plus jeune âge, en donnant aux plus jeunes les outils pour comprendre et agir.

Un appel à l’engagement citoyen
Le cœur de cette opération repose sur un appel au public à signer une lettre ouverte, adressée aux décideurs politiques pour demander des financements plus ambitieux et durables pour les services d’aide aux victimes. Ce geste symbolique est accompagné de l’envoi du livre illustré, en signe de protestation contre l’inaction gouvernementale.
Quand la créativité devient un levier de changement
Avec cette campagne aussi intelligente que sensible, Women’s Aid démontre le pouvoir de la narration pour sensibiliser sur des sujets graves, tout en interpellant les institutions de manière forte. En réinventant un support aussi familier qu’un conte pour enfants, l’association réussit à créer un pont entre l’émotion, la pédagogie et l’action politique.
Et dans un esprit similaire, (re)découvrez la chocolaterie brésilienne Lacta qui dénonce les violences conjugales dans un court métrage choc, intitulé « Ne me quitte jamais ».







