Avez-vous déjà réfléchi à l’origine de vos aliments, de votre café matinal à votre dîner du soir ? Si les rayons de supermarchés regorgent de produits venus des quatre coins du monde, leur parcours pour arriver dans nos assiettes reste souvent invisible. Le photographe George Steinmetz lève le voile sur ces processus complexes avec son nouveau livre « Feed the Planet », une œuvre fascinante qui nous plonge dans l’univers de la production alimentaire mondiale.
Pendant plus de dix ans, George Steinmetz, reconnu pour ses photographies aériennes spectaculaires, a exploré 36 pays, 24 États américains et cinq océans, documentant l’effort colossal nécessaire pour nourrir la planète. Son travail va bien au-delà des champs de blé et des marchés locaux : il révèle les processus industriels, les pratiques agricoles familiales, et les usines de transformation alimentaire rarement observées par le grand public.
En survolant des fermes aux États-Unis, des sites aquacoles en Asie ou encore des plantations en Afrique, le créatif met en lumière la diversité des méthodes de production alimentaire mais aussi leur impact sur l’environnement et leur rôle dans le changement climatique.
Autour du village de Suloszowa en Pologne, les terres agricoles témoignent du passé, héritées du système allemand Waldhufendorf avant 1918. Les terres, organisées en bandes étroites de 25 mètres, sont le résultat des divisions entre héritiers. Les cultures principales incluent pommes de terre, blé, avoine, maïs, chou, haricots, seigle, betteraves et fraises.
Une décennie autour du monde pour capturer la chaîne alimentaire mondiale
Les photographies prises d’un point de vue aérien unique, montrent la beauté mais aussi la réalité brute des vastes opérations agricoles et des chaînes de production. Des élevages intensifs au Texas aux plantes aquatiques en Asie, il capture non seulement la créativité humaine mais aussi l’ampleur des ressources nécessaires pour nourrir une population mondiale en constante croissance.
Ce travail visuel est accompagné de légendes explicatives rédigées par Joel K. Bourne Jr., journaliste environnemental, qui contextualisent les images. Ensemble, ils mettent en lumière les enjeux environnementaux liés à l’agriculture moderne, notamment les gaz à effet de serre issus des engrais chimiques et de la gestion des déchets agricoles, la déforestation, conséquence de l’expansion des terres agricoles et enfin, les émissions dues à la production et au transport alimentaires à l’échelle mondiale.
Un livre pour réfléchir, sensibiliser et pousser à agir
L’auteur insiste sur l’importance de comprendre les origines de ce que nous consommons. Il rappelle que nos choix alimentaires ont des répercussions considérables sur l’environnement, que ce soit par la consommation d’aliments ultra-transformés ou par les méthodes de production peu durables. Il souligne également que certaines industries dissimulent volontairement leurs pratiques pour éviter de dévoiler les réalités complexes ou controversées de la production alimentaire.
Le livre de photographies se révèle être un véritable outil de sensibilisation qui invite chacun à questionner ses habitudes alimentaires et à faire des choix plus éclairés. Le photographe nous rappelle que manger ne se résume pas à une simple transaction dans un supermarché mais qu’ils s’agit d’une connexion directe à notre environnement et aux efforts de millions de personnes à travers le monde. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel Feed the planet ou commandez le livre.
Et si vous êtes amateurs de photographies, nous vous recommandons de découvrir les sublimes clichés lauréats du concours Nature’s Best Photography Awards 2024.
Des bateaux de pêche artisanale déchargent des sardinelles et maquereaux sur la plage de Kayar au Sénégal. La pêche des petits pélagiques migre vers le nord tous les 10 ans en raison du changement climatique et de la pression de la pêche.
Avanti Frozen Foods, l’un des plus grands transformateurs de crevettes en Inde, produit 40 tonnes métriques par jour en haute saison, toutes destinées à l’export, principalement aux États-Unis (75%), au Canada et à l’Europe.
Wrangler Feedyard propose des services d’engraissement pour 46 000 bovins appartenant à des éleveurs. Cactus Feeders possède dix parcs d’engraissement au Texas et au Kansas, accueillant un total de 500 000 bovins.
En Californie, les amandiers, qui produisent 80% des amandes mondiales, nécessitent beaucoup d’eau (4,2 litres par amande) et des abeilles pour la pollinisation. Chaque février, 80% des ruches commerciales américaines sont transportées dans les vergers mais l’exposition au stress et aux pesticides cause des pertes importantes : près de la moitié des ruches ont disparu en 2022.
Le Temple d’Or d’Amritsar abrite la plus grande cuisine communautaire au monde, offrant des repas végétariens gratuits à environ quatre millions de visiteurs chaque mois, 24h/24. Les repas, composés de roti, riz, dal, légumes et dessert, sont financés par des dons et préparés grâce au bénévolat. Jusqu’à 1 200 personnes peuvent manger en même temps, assises sur le sol en marbre, sans distinction de race, sexe, classe ou religion.
L’usine de poulets du groupe CP traite 120 millions de poulets par an, dont 90% pour la Chine et 10% pour l’Asie. Toutes les parties des poulets sont utilisées : graisse pour la peinture, plumes pour l’alimentation animale, et organes, pattes et têtes pour la consommation humaine.
Le Parmigiano Reggiano, affiné au minimum 12 mois, passe souvent par l’entrepôt de Magazzini Generali delle Tagliate, qui gère 1,3 million de meules par an. Chaque meule de 40 kg, valant jusqu’à 150 millions d’euros au total dans l’entrepôt, est retournée et brossée tous les 10 à 20 jours. 38% de la production est exportée, principalement vers les États-Unis, la France et l’Allemagne.
Récolte de raisins muscat sur les pentes de Montaña Diama à Lanzarote en Espagne, propriété de la famille Hernández depuis au moins cinq générations.
La ferme biologique Punta Gorda en Floride, récolte des courges jaunes et vertes avec un rendement moyen de 700 boisseaux par acre. 2/3 des courges jaunes sont jetées pour des défauts esthétiques, une partie étant donnée aux banques alimentaires.
À la lisière du parc national du Simien, l’agriculture de subsistance cause une érosion des sols et un surpâturage dans cet environnement fragile. Environ 90% des Éthiopiens dépendent de l’agriculture, avec peu de revenus et un accès limité aux infrastructures, mais le pays évolue grâce aux barrages hydroélectriques et à une économie en rapide croissance.
Dans le port de pêche de Jafarabad dans l’état indien de Gujarat, les femmes gagnent 300 INR (environ 4 euros) par jour pour sécher des poissons sur des étendoirs. Ce poisson séché, utilisé dans les currys et pickles, est vendu en Inde et exporté au Bangladesh et est apprécié pour son goût malgré son odeur très forte.
Près de Guntur, Andhra Pradesh, un fermier cultive 12,14 hectares de piments rouges, mais une infestation de thrips a réduit le rendement de 25 à 10 quintaux/hectare cette année. Les piments rouges, récoltés en février/mars, sont la culture principale de la région. Des ouvriers journaliers sont payés 300 roupies/jour pour la cueillette.
À Fazenda São Francisco au Brésil, des machines récoltent le café arabica bourbon en secouant les cerises des caféiers. Située à 700 mètres d’altitude, cette plantation profite de sols fertiles, d’une abondance d’eau et de la récolte mécanique pour cultiver le café en monoculture, entre des brise-vent d’eucalyptus.
Sur une ferme biologique amish du comté de Lancaster, des poulaillers mobiles abritant 600 poules sont déplacés quotidiennement, produisant des œufs vendus par WholeFoods. Les fermes amish, combinant méthodes traditionnelles et modernes, contribuent à faire du comté de Lancaster le plus productif des États-Unis en agriculture non irriguée.
La récolte du teff, une céréale résistante à la sécheresse et aliment de base en Éthiopie et Érythrée, se fait à la main sur le plateau d’Amhara. Ce grain, l’un des plus anciens domestiqués, pousse comme une herbe fine avec de petites graines.
La Fazenda Carpa Serrana est une une ferme familiale de 27 000 hectares au Mato Grosso au Brésil, qui élève un troupeau de 19 000 à 20 000 bovins Nelore, une race indienne bien adaptée aux conditions tropicales. Environ 15 000 hectares sont consacrés à l’élevage et au soja, le reste étant préservé en forêt.
Depuis 1500 ans, les habitants récoltent le sel du lac Sambhar au Rajasthan, un site historique lié à la célèbre marche du sel de Gandhi en 1930. Aujourd’hui, la production des bassins gouvernementaux a diminué en raison des précipitations imprévisibles et de la déviation des affluents. Cependant, des salines privées illégales prospèrent, épuisant les nappes phréatiques essentielles pour les fermes et le lac, un habitat crucial pour les flamants roses.
Sur la plantation agroforestière de Tata Coffee près de Coorg en Inde, des ouvriers récoltent du poivre sur des vignes grimpant sur 1,8 million d’arbres, qui ombragent également les plants de café robusta. Cette plantation soutient également la faune, et des rangers vérifient la présence d’éléphants avant que les équipes de récolte n’entrent.
Sur la station d’élevage Victoria River Downs, l’élevage est saisonnier dans le Territoire du Nord, où les routes sont impraticables pendant la saison des pluies de décembre à mars. Durant cette période, le bétail paît librement et le tri est effectué pour séparer les veaux d’un an, les marquer, les castrer et tester les vaches pour la gestation.
Chaque fin août, 600 moutons descendent des pâturages au-dessus du glacier d’Aletsch, dans les Alpes suisses. Surveillé par un berger, le troupeau passe l’été entre les sommets et le glacier. Un sentier creusé dans les années 1970 permet l’accès à ces pâturages isolés.
La ferme hydroponique de fraises de Raf Quirijnen comprend 6 hectares de serres et produit 800 tonnes de fraises par an. 50% sont destinées à la Belgique, le reste au Royaume-Uni, à la France et à la Scandinavie. Les fraises belges, plus chères que celles d’Espagne et d’Afrique du Nord, se distinguent par leur qualité, leur sécurité alimentaire (moins de pesticides) et leur fraîcheur locale.
Originaire d’Amérique centrale, le fruit du dragon est principalement exporté par le Vietnam, qui expédie 661 000 tonnes par an vers 40 pays. Dans la province de Thuan, des lampes LED permettent trois récoltes supplémentaires pendant la saison sèche, en plus des dix récoltes de la saison humide. La plantation Hoang Hau, la plus grande de la région, envoie la majorité de sa production en Europe.
En Bretagne, Bridor est la plus grande boulangerie industrielle d’Europe, produisant 110 millions de kilos de viennoiseries et pains par an, principalement des croissants congelés prêts à cuire.
Dans les années 1970, le mantra “Grandir ou partir” d’Earl Butz a inspiré les agriculteurs brésiliens. La Fazenda Piratini, une ferme de 254 km² dans l’État de Bahia appartenant à SLC Agricola, utilise des machines modernes pour produire du soja. La demande mondiale croissante pour cette culture, utilisée comme aliment pour le bétail et source d’huile, a multiplié par neuf la production brésilienne depuis 1985.
À Nusa Lembongan à Bali, la récolte d’algues dans les eaux peu profondes a repris pendant la pandémie de COVID, alors que le tourisme diminuait. Les algues, séchées puis expédiées à Surabaya, sont transformées pour les industries alimentaire et cosmétique.
Les vignobles de Bremmer Calmont en Moselle cultivent du riesling depuis l’époque romaine. Günter Leitzgen possède un hectare sur ces pentes rocheuses, accessibles grâce à un monorail qu’il a installé en 2004 et produit environ 3 500 bouteilles de riesling par an.
La ferme porcine Seis Amigos près de Tapurah au Brésil, insémine ses truies avec du sperme fourni par le conglomérat alimentaire BRF, qui gère aussi l’abattoir et les porcelets. Deuxième plus grand éleveur de porcs au Brésil, elle prévoit de s’agrandir. Chaque truie produit environ 11 porcelets et reste productive 2-3 ans avant d’être envoyée à l’abattoir.
Granja Mantiqueira, la plus grande ferme avicole d’Amérique latine, produit 2,7 millions d’œufs par jour avec 4 millions de poules, logées 26 par cage et nourries principalement de farine de maïs.
La ferme familiale de John de Boer et sa famille cultive 135 hectares de choux destinés à la vente en Europe et au Moyen-Orient.
Dans la vallée d’Urubamba, une famille de Maras récolte des pommes de terre, bénéficiant de la diversité des variétés andines adaptées aux sols et altitudes. Les quatre générations participent à la récolte et au repas, composé de pommes de terre, pois et chicha fermentée. Les aînées portent encore les chapeaux traditionnels, délaissés par les plus jeunes.
Lors du dernier week-end de l’Oktoberfest, environ 7 millions de litres de bière sont consommés. Les tables du balcon sous la tente Hacker-Pschorr incluent un dîner bavarois et deux litres de bière par personne pour 5 heures de festivités avec un groupe live. La majorité des participants, principalement allemands, portent fièrement des vêtements traditionnels bavarois comme les lederhosen et les dirndls.
Au Costa Rica, Del Monte, une multinationale de produits alimentaires, cultive des ananas Del Monte Gold, une variété sucrée développée il y a 25 ans, qui a contribué à tripler la consommation d’ananas aux États-Unis.
Un veau est traité dès son arrivée (âgé d’environ 12 mois) avant d’être engraissé pendant six mois. Chaque animal reçoit des injections, des médicaments par voie orale, une étiquette auriculaire et ses cornes sont coupées pour faciliter leur manipulation à l’abattoir. Les vaches femelles reçoivent un insert auriculaire pour prévenir la reproduction et certaines un implant pour stimuler l’appétit.
La ferme de crocodiles Sry Ayuthaya, parmi les plus grandes au monde, vend principalement des peaux pour des articles en cuir et commercialise aussi de la viande de crocodile. Les reptiles sont nourris avec de la viande, des têtes et des abats de poulet.
Dans la salle de décorticage, les noix de cajou importées d’Afrique sont pelées et triées. Kollam, ancienne capitale mondiale des noix de cajou, a perdu sa domination avec l’arrivée des machines à décortiquer. La plupart des grandes entreprises privées ont fermé tandis que seules des femmes travaillent ici, car les hommes refusent les bas salaires.
Au port de Berbera au Somaliland, 145 000 moutons et chèvres sont embarqués pour La Mecque en Arabie saoudite, où 2,6 millions d’animaux seront sacrifiés le troisième jour du Hajj. Ces sacrifices, une obligation religieuse pour les pèlerins, permettent de donner au moins deux tiers de la viande aux pauvres.
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