Et si le sens n’apparaissait qu’en marchant ? C’est le pari poétique et perceptif de l’artiste belge Hans De Backer, alias Drukdoenerij, avec son installation « With Every Step », exposée dans le cadre de la biennale SMACH 2025, qui permet aux artistes d’exposer leurs oeuvres. Dissimulé dans le paysage alpin, son message sculpté dans l’espace ne se dévoile qu’à ceux qui acceptent de prendre de la hauteur. Littéralement.
Présentée au cœur des Dolomites italiennes, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’œuvre prend la forme de 146 poteaux de bois dressés sur une crête. Pris séparément, ces éléments verticaux paraissent aléatoires, voire insignifiants. Mais lorsqu’on trouve le bon point de vue, l’anamorphose prend vie : les fragments s’alignent et composent un message lisible, suspendu dans l’horizon.

Un message invisible à première vue
C’est tout l’enjeu de ce dispositif basé sur la perspective forcée : la perception devient le médium, et le spectateur un acteur du dévoilement. Il faut se déplacer, chercher, s’engager physiquement dans le paysage pour voir l’œuvre apparaître. Une révélation à la fois optique et symbolique.
Une œuvre qui épouse le paysage et le temps
La biennale SMACH, qui se tient du 12 juillet au 14 septembre 2025 dans la Val Badia (Sud-Tyrol), accueille pour cette septième édition dix artistes internationaux invités à dialoguer avec l’environnement alpin. Le thème de cette année, « La cu » (terme ladin signifiant pierre à aiguiser), célèbre la transformation, la patience, le travail de précision.
Ce projet s’inscrit parfaitement dans cette logique. À une époque d’instantanéité, l’artiste propose une œuvre qui ne se donne pas d’un coup d’œil. Il faut l’apprivoiser, comme on aiguise une lame : pas à pas. Le site choisi, Pederü, n’est pas neutre non plus. Ancien camp militaire durant la Première Guerre mondiale, il est aujourd’hui empreint de silence, d’histoire et de beauté brute.
Entre art contemporain et randonnée spirituelle
La force du projet réside dans son double langage. D’un côté, une installation spectaculaire et rigoureuse, reposant sur la technique ancienne de l’anamorphose, utilisée dès la Renaissance, notamment par Léonard de Vinci. De l’autre, une expérience sensorielle et méditative : se perdre, ralentir, chercher le bon angle. L’œuvre se mérite.
Sélectionnée parmi plus de 300 propositions par un jury présidé par le designer Stefan Sagmeister, « With Every Step » ne cherche pas à dominer le paysage mais à le prolonger. Elle fait du relief une page blanche, de la marche une lecture, et du regard une clé. Pour découvrir tous les projets de l’artiste, n’hésitez pas à vous rendre sur sa page Instagram et son site internet.
L’occasion parfaite de vous (re)faire découvrir ces sculptures en anamorphose cachent un double message, en fonction de notre point de vue et de notre situation dans la pièce, par l’artiste Bruno Gouagout, plus connu sous le nom de Morpho.




