Ce n’est ni une blague, ni une œuvre exposée en galerie. C’est un geste brutal de lucidité. Ce matin, au cœur du mythique hôtel Negresco à Nice, un artiste a discrètement remplacé la carte du restaurant étoilé par une autre : le « menu famine ». Un menu conçu pour faire vaciller les certitudes et rappeler une vérité insupportable. Gaza meurt de faim. Et nous, que faisons-nous à table ?
L’artiste Toolate est à l’origine de cette action. Fidèle à ses performances coup-de-poing, il a imaginé une carte faite de gravats, de poussière et de cendre. Un « menu famine » qui ne propose ni entrées, ni plats, ni desserts. Seulement l’amère réalité d’une population qui meurt de faim à quelques milliers de kilomètres, pendant que d’autres savourent du homard.

Une carte en gravats, un silence dans les assiettes
Le contraste est frontal. Et c’est précisément ce que Toolate cherche à provoquer : faire entrer l’insoutenable là où le confort est roi. “Placer la faim au cœur du luxe, c’est gratter là où ça brille trop”, écrit-il. La carte contient un QR code menant vers un appel aux dons pour l’UNRWA, l’agence de l’ONU qui tente, malgré l’urgence, de répondre aux besoins vitaux des réfugiés palestiniens.
Un happening qui dérange pour réveiller les consciences
Plus qu’un acte artistique, la performance est une mise en tension politique. En quelques heures, les images de la carte minimaliste et poussiéreuse circulent sur les réseaux. La formule fait mouche : “Un menu pour celles et ceux qui ouvrent la bouche tout en fermant les yeux.” Une critique claire de l’indifférence, de l’inaction, voire de la complaisance dans le silence.
Car c’est bien cela qui est visé : notre capacité collective à détourner le regard pendant que l’irréparable se joue ailleurs. À quelques heures de vol, des enfants meurent de faim dans les décombres. De ce côté-ci de la Méditerranée, on dresse des nappes blanches. L’action de Toolate oppose ces deux mondes sans détour, avec la violence du réel.
Le luxe confronté à l’indécence
En glissant son “menu famine” dans les couverts d’un palace, Toolate met en scène l’absurdité d’un monde où tout peut cohabiter, même le luxe et la mort. Le cadre choisi, l’hôtel Negresco, n’a rien d’un hasard : il incarne la grande tradition hôtelière française, la gastronomie d’exception, l’apparat de la Riviera.
C’est précisément en exposant ce contraste indécent que l’artiste veut faire réagir. Ce n’est pas un appel à la culpabilité, mais à la prise de conscience. La guerre, la famine, l’effondrement… tout cela n’arrive pas dans un autre monde. Pour en savoir plus sur son projet et ses autres idées nous vous invitons à vous rendre sur son compte Instagram.
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Artiste partisan qui n’a rien fait pour les 500,000 morts en Syrie ou dans les pays arabes