L’Académie espagnole de tauromachie a dévoilé un projet aussi monumental que controversé : ériger un taureau métallique de 300 mètres de haut et 650 mètres de long pour devenir la nouvelle icône touristique du pays. Baptisé « El Toro de España », il se veut l’équivalent ibérique de la tour Eiffel… mais derrière l’ambition architecturale se cache une tempête politique et culturelle.
Pensé pour rivaliser avec les grandes icônes mondiales, cette sculpture géante serait entièrement accessible au public. Ses cornes abriteraient des miradors panoramiques, ses sabots une zone de loisirs, des restaurants et une boutique de souvenirs, le tout entouré d’un parc thématique.
Un symbole touristique et taurino
L’Académie de tauromachie y voit un double objectif : offrir à l’Espagne un monument identifiable dans le monde entier et promouvoir la tauromachie comme élément central de l’identité culturelle du pays. « Tous les touristes ramènent une statuette de taureau chez eux. Pourquoi ne pas en faire un symbole national à taille réelle ? », plaide son président.
Un projet déjà au cœur des tensions politiques
Dès son annonce, le projet est devenu un sujet de discorde. La droite et l’extrême droite, notamment Vox, y voient une opportunité pour hisser l’Espagne au sommet du tourisme international et concurrencer la France. La gauche, en revanche, dénonce un projet absurde et déconnecté des priorités des Espagnols.
Le symbole du taureau réactive en effet le débat autour de la corrida, dont la popularité s’essouffle : seuls 8% des Espagnols y assistent encore et 78% s’y disent opposés. Certaines provinces, comme la Catalogne, ont même interdit la pratique.
Des villes rurales intéressées, la capitale en retrait
Madrid, première ville approchée, a décliné l’offre. Mais une trentaine de municipalités, principalement rurales et dirigées par des majorités conservatrices, se disent prêtes à accueillir le monument. Burgos, El Molar ou encore Guadalajara figurent parmi les candidates. Les promoteurs espèrent que ce colosse de métal, estimé entre 150 et 180 millions d’euros et financé par des fonds privés, pourrait générer jusqu’à 100 millions de recettes annuelles, à l’image de la tour Eiffel.
Entre rêve architectural et réalité incertaine
S’il venait à voir le jour, le taureau dépasserait de plus de 120 mètres la Sagrada Familia et serait trois fois plus haut que la Statue de la Liberté. Mais sa réalisation se heurte à des défis majeurs : impact environnemental, financement colossal, choix du site et acceptation par la population. Pour l’heure, aucune étude technique n’a été lancée et le calendrier reste flou.
Qu’il devienne réalité ou non, le projet a déjà réussi une chose : s’imposer au centre du débat national et cristalliser les divisions entre une Espagne attachée à ses traditions rurales et taurines et une autre tournée vers une modernité plus urbaine et progressiste.
Et dans un esprit étroitement lié, (re)découvrez l’architecture de monuments célèbres revisitée avec Midjourney, par les équipes du groupe immobilier GetAgent.
