Et si un banal passage au car-wash se transformait en expérience poétique ? C’est le pari du photographe Shahram Saadat qui, avec sa série “The Whale”, détourne les stations de lavage du sud de l’Angleterre en véritables studios improvisés. À travers la vitre d’une voiture recouverte de mousse et de gouttelettes d’eau, il capture des visages transfigurés par la lumière, offrant des portraits à la fois abstraits et intimes.
Dans cette série, l’artiste met en scène les conducteurs qui, le temps d’un cycle de lavage, s’abandonnent à une parenthèse inattendue. Ces trois à cinq minutes d’immobilité forcée deviennent l’occasion de suspendre le temps, de réfléchir, de rêver ou simplement d’exister.

Quand l’ordinaire devient extraordinaire
Les jeux de lumière, de verre et de savon transforment alors les visages en compositions presque picturales, brouillant la frontière entre réalité et fiction. Le résultat : des images surréalistes qui donnent une dimension artistique à un geste du quotidien que l’on croyait insignifiant.
Une démarche entre documentaire et mise en scène
Au départ passionné par la photographie documentaire, l’artiste a progressivement glissé vers une approche plus conceptuelle et maîtrisée. Avec sa série de photos, il conserve l’énergie spontanée du réel, mais la transpose dans un cadre pensé comme une scène. Le car-wash devient un décor, l’appareil photo un filtre entre banalité et poésie.
L’artiste confie vouloir explorer ces moments de pause sans culpabilité, rares dans nos vies pressées. Contrairement à la douche ou au brossage de dents, souvent expédiés à toute vitesse, le lavage de voiture impose une attente que l’on ne peut écourter. Et c’est dans cet interstice qu’il trouve matière à créer.
Une reconnaissance internationale
La série a rapidement séduit par son originalité et sa capacité à révéler l’extraordinaire dans l’ordinaire. En détournant un lieu fonctionnel en espace contemplatif, Shahram Saadat s’inscrit dans une démarche artistique qui interroge notre rapport au temps, à la routine et à la mise en scène de soi.
Si vous souhaitez vous procurer ces photos, elles sont disponibles à l’achat sur le site internet de l’artiste, pour environ 13 euros. Et pour en voir davantage sur ses projets, n’hésitez pas à consulter sa page Instagram.
Et toujours dans cette idée de séries photos à message, (re)découvrez « REMOVED » : la série du photographe américain Eric Pickersgill, qui supprime les smartphones de ses clichés… pour dénoncer notre dépendance numérique.















