Au Japon, des salons de coiffure proposent des formules « sans conversation »

Les services silencieux connaissent un essor impressionnant au Japon, répondant à un besoin croissant d’intimité et de tranquillité dans un monde de plus en plus connecté. Initiés notamment par des salons de coiffure, ces services s’étendent désormais à d’autres secteurs tels que la restauration, le shopping, et même les taxis.

Le pionnier de cette tendance est Hair Works Credo, un salon de coiffure situé à Tokyo comme l’a mis en lumière le média Le Parisien. Depuis 2014, il offre à ses clients trois options : une conversation normale, une conversation limitée ou aucune conversation du tout. Cette dernière option, baptisée kaiwa nashi (sans conversation), s’adresse à ceux qui préfèrent une expérience apaisante, loin des bavardages souvent imposés. 

Takahiro Noguchi, le propriétaire, explique que cette initiative, bien qu’à l’origine pensée pour les introvertis, attire aussi des clients simplement en quête d’une « journée introvertie ». Environ 60% des clients choisissent d’ailleurs, aujourd’hui de réduire ou de supprimer totalement les échanges, profitant de ce moment pour lire, écouter de la musique, ou simplement apprécier le bruit des ciseaux.

Takahiro Noguchi, propriétaire du salon Hair Works Credo à Tokyo

Cependant, cette approche a des conséquences pour les coiffeurs eux-mêmes. Noguchi note que ces journées silencieuses, bien que respectueuses des clients, sont souvent plus fatigantes et semblent plus longues, car elles nécessitent une attention accrue aux signaux non verbaux et au langage corporel.

La popularité de ces services silencieux reflète une évolution culturelle au Japon, un pays où la solitude et l’introversion sont souvent présentes. Avec une population en déclin depuis 2008 et une augmentation des foyers composés de personnes seules (34% selon le ministère de la Santé), ces offres répondent à un besoin de personnalisation et de respect des préférences individuelles.

Pour certains, cependant, cette tendance suscite des inquiétudes. Elle interroge sur la diminution des espaces de sociabilité et sur l’impact potentiel sur les relations humaines dans une société où les interactions deviennent de plus en plus facultatives. D’autres, en revanche, y voient une avancée positive, permettant aux individus de choisir leur niveau d’engagement social sans pression.

Si la France et d’autres pays n’ont pas encore pleinement adopté ce type de services, les jeunes Japonais, notamment ceux âgés de 20 à 30 ans, plébiscitent massivement ces initiatives. Une étude récente a montré que plus de 52% des personnes interrogées dans cette tranche d’âge préfèrent éviter les discussions lors de leur passage chez le coiffeur, citant des sujets comme le travail, la vie privée ou les projets de vacances comme sources potentielles d’inconfort.

Une initiative qui nous rappelle beaucoup l’option Uber Black d’Uber qui vous permet de demander à votre chauffeur de se taire.

Adam Winger
Kristina Flour

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