L’icône de chargement détournée dans une campagne poignante sur la maladie d’Alzheimer

Et si l’attente numérique devenait le miroir d’une tragédie bien réelle ? C’est le pari osé et bouleversant, de la Fondation Alzheimer de Suède (Alzheimerfonden) et de l’agence Kid de Stockholm. Ensemble, ils signent une campagne qui détourne un symbole universellement connu (l’icône de chargement) pour incarner la lente et douloureuse perte de mémoire provoquée par la maladie d’Alzheimer.

Dans les différents visuels et vidéos déployés, les portraits de proches s’arrêtent à mi-chemin. Les traits s’effacent. Le cercle tourne, indéfiniment. À l’écran, aucun visage ne se charge complètement. Une métaphore glaçante de ce que vivent chaque jour les malades : ce moment suspendu où le cerveau, comme figé, ne reconnaît plus un enfant, un frère, une amie.

Quand les visages se brouillent… pour de bon

Cette mise en mémoire tampon devient alors bien plus qu’un bug visuel : elle reflète l’impuissance à nommer, à identifier, à se souvenir. Et pour celles et ceux qui accompagnent ces malades, cette image renvoie à une autre douleur : celle d’être peu à peu effacé de la mémoire de ceux qu’on aime.

Une réalité suédoise, une urgence mondiale

Avec plus de 160 000 personnes atteintes de démence en Suède aujourd’hui (un chiffre qui pourrait doubler d’ici 2050), la campagne veut frapper fort, à la hauteur du silence qui entoure encore la maladie.

“Nous voulions que les gens ressentent un peu la frustration qu’entraîne la maladie d’Alzheimer, tant pour les personnes atteintes que pour leurs familles”

Christian Jörgensen et Ulf Paulsrud-Sirbäck, créatifs chez Kid

Diffusée en affichage digital grâce à un partenariat avec Ocean Outdoor, à la télévision nationale et sur les réseaux sociaux, la campagne s’inscrit aussi dans un moment médiatique fort : la diffusion sur TV4 d’un documentaire sur l’artiste suédoise Kim Kärnfalk et sa propre expérience de la maladie.

Une métaphore numérique pour une douleur invisible

L’une des forces de cette campagne réside dans sa simplicité visuelle. Pas de longs discours. Pas de musique. La vidéo est même muette, renforçant l’effet de flottement et de confusion. Ce choix esthétique traduit un geste fort : celui de reproduire l’expérience de désorientation vécue par les patients.

Le message est clair, sans détour : aujourd’hui, la maladie d’Alzheimer ne connaît ni remède, ni traitement pleinement efficace. Pourtant, comme le rappelle Liselotte Jansson, secrétaire générale de la Fondation Alzheimer, c’est bien tout un écosystème familial qui est impacté.

Et dans cet esprit de sensibilisation à la maladie, (re)découvrez ce film poignant qui vous met dans la peau d’une personne qui souffre d’Alzheimer, par l’association Alzheimer Forschung Initiative.

S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Newest
Oldest Most Voted
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires