Et si commander un garde du corps armé devenait aussi banal que réserver un taxi ? C’est le pari, pour le moins controversé, de Protector, une application active à Los Angeles et New York, qui propose des agents de sécurité armés en quelques clics. Voiture, tenue, niveau de discrétion : tout est personnalisable. L’Amérique, version premium… et blindée.
Sur l’app, l’utilisateur choisit son véhicule , Cadillac Escalade ou Chevy Suburban ainsi que le look de son agent : costume-cravate élégant, tenue tactique avec gilet pare-balles apparent ou style décontracté. Le tout assuré par des anciens policiers, militaires ou membres d’unités spéciales, formés aux techniques de combat, aux premiers secours et à l’analyse de risques.

Comme le résume l’un des investisseurs, Nikita Bier (ex-Meta), “la demande pour une sécurité d’élite n’a jamais été aussi élevée. Il est temps que cette industrie se modernise.” D’où cette punchline devenue slogan officieux : “Uber with guns.”
Disponible via AppStore, le service, élitiste par nature, démarre à 1 000 dollars pour cinq heures, avec une adhésion annuelle de 129 dollars. La société prévoit bientôt de supprimer la durée minimum en maintenant un tarif horaire de 200 dollars.
@ulyces.co 📲 L'application mobile Protector a été officiellement lancée cette semaine sur l'App Store d'Apple. L'application promet d'envoyer un ou plusieurs vétérans armés de l'armée et/ou des forces de l'ordre pour assurer la sécurité de ses utilisateurs. Décrite comme un « Uber avec des @rmes » par Nikita Bier, entrepreneur en série et investisseur/conseiller de Protector, l'application est actuellement classée 13ème la catégorie Voyages de l'App Store d'Apple. Elle n’est pour l’instant disponible qu’à New-York et Los Angeles. Crédit : images amateur #sinformersurtiktok #actualite #société ♬ son original – Ulyces
Un storytelling qui ne fait pas dans la nuance
Protector a surtout fait parler d’elle en surfant sur un fait divers tragique : l’assassinat du PDG de UnitedHealthcare, Brian Thompson, en pleine rue à New York le 4 décembre dernier. Dans une vidéo postée sur X, la marque imagine trois scénarios où un agent de Protector aurait pu “changer le cours de l’histoire” : dissuasion, riposte armée, secours d’urgence… tout y passe.
“Les Américains se concentrent particulièrement sur la sécurité personnelle”, a commenté Nick Sarath, fondateur de 25 ans, également créateur de l’appli sœur Patrol, qui permet à des quartiers de financer leur propre sécurité privée. Pour lui, “la police ne peut pas être partout, tout le temps. Protector est conçu pour soutenir leur action, et offrir un moyen accessible de se protéger.”
Une réponse à l’américaine… Mais à quel prix ?
Face à la montée de l’insécurité perçue, cette solution séduit une partie de la population, en particulier les personnalités publiques et entrepreneurs. Mais elle soulève aussi des questions réglementaires et éthiques.
Bruce Thomas, expert en sécurité et ancien officier californien, rappelle que “pour exercer ce métier, il faut plus qu’un uniforme et une arme. Il faut une licence du BSIS, un permis de port d’armes, mais aussi une formation spécifique de protection rapprochée.” Selon lui, “un bon garde du corps n’est pas juste un ancien policier ou un militaire, c’est quelqu’un qui a été formé pour ça, dans un centre spécialisé”.
Un autre point de vigilance : la responsabilité juridique. L’entreprise assure que tous ses agents sont autorisés à porter une arme sous le Law Enforcement Officers Safety Act, mais les experts recommandent de vérifier si l’entreprise est bien assurée contre les risques liés à ce type d’intervention.
Protector incarne à la fois l’hyper-personnalisation des services et la privatisation grandissante de la sécurité. Une appli symptomatique d’un pays où la peur devient un marché et où même la protection se commande désormais à la carte.



