À l’occasion de la Journée internationale de sensibilisation au bégaiement, l’association britannique STAMMA s’allie à l’agence Iris London pour lever le voile sur une réalité souvent ignorée : la peur du téléphone chez les personnes qui bégaient. Intitulée “Don’t Hang Up. Hang On” (« Ne raccrochez, restez en ligne »), cette campagne percutante dénonce le manque de patience et de compréhension auquel sont confrontés les 550 000 Britanniques concernés, tout en incitant les entreprises à mieux adapter leurs services téléphoniques.
Selon STAMMA, près de 65 % des appels passés par des personnes qui bégaient sont mal gérés : interruptions, précipitation, voire raccrochage. Ces comportements anodins pour certains deviennent de véritables obstacles du quotidien pour d’autres, empêchant parfois d’effectuer des démarches essentielles comme bloquer une carte bancaire ou prendre un rendez-vous médical.
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Une campagne pour montrer l’invisible
Au cœur du dispositif, un court-métrage poignant réalisé par Joseph Mann met en scène James, un jeune homme recevant un appel banal de son garage. Mais pour lui, chaque mot devient une épreuve. Une main monstrueuse, surgissant de son téléphone, symbolise la peur d’être coupé ou jugé. Ce cauchemar cesse seulement lorsque son interlocuteur lui laisse le temps de parler.
La métaphore est simple mais d’une redoutable efficacité : une seconde de patience peut tout changer. Le film se conclut par un message clair et universel (“Don’t hang up. Hang on”) rappelant que l’écoute bienveillante reste le meilleur antidote à l’exclusion.
L’authenticité au cœur du projet
Pour garantir une représentation fidèle et respectueuse, STAMMA et Iris ont choisi Louis, un comédien qui bégaie lui-même, pour incarner le rôle principal. Le film a été validé par la communauté avant sa diffusion afin d’éviter toute caricature. L’approche, sensible et réaliste, met en lumière la dimension émotionnelle du bégaiement sans tomber dans le pathos.
Le dispositif se déploie également au cinéma, sur les réseaux sociaux et via des affiches inspirées des films d’horreur, transformant la peur du téléphone en un symbole visuel fort. Une coque de téléphone en forme de main gremlinesque a même été créée pour renforcer la portée tangible de la campagne.
Changer les comportements par l’empathie
Avec cette initiative, STAMMA ne se contente pas de sensibiliser : l’association milite pour une transformation des pratiques professionnelles, encourageant les entreprises à former leurs équipes et à adapter leurs systèmes de reconnaissance vocale. Comme le souligne Jane Powell, directrice de STAMMA, « les personnes qui bégaient ne devraient pas redouter un simple appel téléphonique ».
L’agence Iris, de son côté, défend une idée forte : l’empathie peut transformer les comportements. En rendant visible ce que beaucoup vivent en silence, la campagne prouve que la créativité reste une arme puissante contre l’exclusion ordinaire.
L’idée d’utiliser les codes du film d’horreur pour faire passer un message fort n’est certes pas nouvelle, mais elle a le mérite d’être très efficace pour réussir à marquer les esprits sur des sujets sensibles ou tabous. Ce film d’horreur IKEA cachant une sensibilisation choc en est également un excellent exemple.
