Admettons-le : la maltraitance des enfants n’est pas le sujet le plus facile à aborder. Alors, faire un court-métrage sur le sujet peut se révéler être un exercice difficile. Pourtant, ces étudiants ont relevé le défi haut la main, avec un storytelling poétique. On vous montre ?
The Stained Club (autrement dit, « Le club des tâches »), est le film de fin d’études de 6 élèves de l’école d’animation Rubika. Mélanie Lopez, Simon Boucly, Marie Ciesielski, Alice Jaunet, Chan Stéphie Peang et Béatrice Viguier ont donc été récompensés dans de nombreux festivals dans le monde entier pour leur travail. Notamment, grâce à leurs choix artistiques bien calculés, qui abordent le thème avec délicatesse : à savoir les violences physiques et psychologiques auxquelles font face certains enfants.
Le pitch ? Finn a des tâches sur le corps. Un jour, il rencontre un groupe d’enfants cool qui, eux aussi, ont des tâches sur leur corps. Mais, il va vite comprendre que ses tâches ne sont pas seulement jolies… Un concept métaphorique, inspiré à l’équipe par la série photo d’Angela Strassheim : “Evidence” qui nous fait découvrir les intérieurs « parfaits » de maisons américaines à l’aide d’une lampe UV, qui révèle les taches de sang de meurtres qui y avaient été commis. Pour la réalisatrice, Mélanie Lopez, ce fut une évidence (et c’est le cas de le dire) : « Ça m’a fait penser que ce serait fou de voir la souffrance psychologique de la même façon, sur nos corps, sans qu’on ne puisse jamais la retirer. »
Un choix vraiment cohérent. Selon Mélanie, la souffrance psychologique peut paraître “fantastique” (pas dans un bon sens évidemment, mais dans le sens magique) quand on se rend compte ce qu’elle peut nous faire à nous et notre corps, sans réellement montrer qu’elle est là. « On voulait aussi montrer l’innocence de l’enfant, quand Finn explique qu’il les voit comme de la “poussière d’étoiles”. Quand les enfants sont confrontés à des choses dures, souvent, ils ne le réalisent pas et vont les faire paraître plus jolies qu’elles ne le sont. C’est un peu un superpouvoir qu’ils ont… »
Voilà une approche très douce, pour parler d’un sujet aussi brutal. On salue le travail de l’équipe, qui a mis énormément de réflexion derrière ce projet. La métaphore fonctionne vraiment bien et rend ce court-métrage encore plus touchant. Quelle maîtrise pour de si jeunes talents ! D’ailleurs, dans la même veine, on vous suggère ce court-métrage qui dépeint la maladie d’Alzheimer avec justesse et poésie. Et aussi, « Glace à l’eau » qui raconte l’histoire émouvante d’un iceberg à la dérive.