Poetry Camera : un appareil qui transforme en poème les images qu’il capture

Dans un monde saturé d’images, deux designers ont décidé de ralentir le temps. Leur invention, baptisée « Poetry Camera », ne capture pas des clichés… mais des émotions. À la place d’une photographie, cet appareil photo d’un genre nouveau imprime un poème inspiré de ce qu’il voit. Un bel exemple de fusion entre art, technologie et IA, qui invite à contempler plutôt qu’à consommer.

Créée par Kelin Carolyn Zhang et Ryan Mather, l’appareil fonctionne avec GPT-4 d’OpenAI ou Claude 4 d’Anthropic selon les versions. L’idée : transformer un appareil de capture en générateur de sens, et réhabiliter la poésie dans notre quotidien numérique.

Une vision poétique de la capture d’instant

À première vue, cette objet ressemble à un Polaroid rétro. Mais ne vous y trompez pas : ici, aucune image ne sort de l’appareil. Conçu autour d’un nano-ordinateur Raspberry Pi et d’une mini-imprimante thermique, l’objet analyse la scène photographiée, identifie couleurs, motifs, visages… puis envoie ces informations à une intelligence artificielle qui compose instantanément un poème. Le texte est ensuite imprimé comme un reçu, unique, éphémère, et non sauvegardé.

L’un des partis pris les plus radicaux du projet est l’absence totale de stockage numérique, aucun poème ni image n’est conservé. Une volonté assumée par les créateurs, qui souhaitent faire de chaque impression un artefact unique, fragile et précieux. Si vous perdez votre poème, il disparaît… à jamais.

Une réponse poétique à la culture de l’instantané

À travers cette invention, les deux artistes engagent une critique douce de la culture d’Instagram, en proposant une interaction plus lente et plus contemplative avec le monde. Là où les filtres embellissent les images, la Poetry Camera interprète. Elle ne reproduit pas la réalité, elle la réinvente en vers, qu’ils soient haïkus, sonnets ou strophes libres.

Ce dialogue entre IA et créativité humaine bouscule notre rapport à l’art : et si l’intelligence artificielle pouvait nous aider à mieux regarder le monde ? À transformer un trottoir en poème, un visage en allégorie, une scène banale en vers profonds ?

Un appareil qui fait parler les images

Le projet est également open source, et disponible sur GitHub. Les plus bricoleurs peuvent construire leur propre modèle, tandis que d’autres peuvent commander une version assemblée à la main dans la micro-usine new-yorkaise de Zhang et Mather. Un vrai travail d’orfèvre moderne, entre design nostalgique, code, impression 3D et vers libres.

Au-delà de l’expérimentation artistique, l’appareil soulève des questions passionnantes sur l’avenir de la création. Peut-on encore parler de « photographie » quand l’image devient mot ? Ce genre de projet dessine les contours d’une nouvelle ère : celle de l’art génératif sensible, où l’IA ne remplace pas l’humain mais enrichit son regard.

Et dans la même veine créative, nous vous invitons à (re)découvrir le « Nonna’s Cam » : un appareil photo avec un doigt devant pour imiter vos photos de vacances ratées, par les deux designers Pedro Mezzini et Augusto Callegari.

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