Cette robe haute couture est vivante : elle brille grâce à 125 millions de micro-algues

Sur le podium plongé dans l’obscurité de la Semaine de la Haute Couture parisienne, une silhouette semble respirer, s’illuminer au rythme de ses pas. Ce n’est pas un effet numérique, ni une illusion scénique. C’est bel et bien une robe vivante, conçue par la créatrice néerlandaise Iris van Herpen, et infusée de 125 millions de micro-algues bioluminescentes. Une création qui bouscule les codes de la mode en faisant entrer la biologie dans la couture.

Présentée en ouverture du défilé « Sympoiesis », cette pièce expérimentale incarne une rupture radicale avec les procédés traditionnels. La robe a été co-développée avec le biodesigner Chris Bellamy, après plusieurs mois de recherches en bio-couture. Le processus n’a rien de classique : les algues de type Pyrocystis Lunula ont été cultivées dans des bains d’eau de mer, nourries avec un gel nutritif et encapsulées dans une membrane translucide qui respecte leur cycle naturel.

Une robe cultivée, pas simplement fabriquée

Pour rester en vie, ces micro-organismes nécessitent un équilibre délicat : huit heures de lumière, huit heures de repos, une température contrôlée et un environnement calme. Résultat : un vêtement qui respire, qui réagit, qui évolue. Un corps textile autonome, davantage élevé que cousu, et qui nécessite autant de soin qu’un organisme fragile.

Quand la lumière devient langage

Sur le podium, le spectacle est saisissant. À chaque mouvement du mannequin, la robe émet une lueur bleutée, vive et organique. Les algues réagissent au contact, à la pression, à l’agitation. Leur lumière, douce au départ, plus intense ensuite, éclaire les motifs coralliens caractéristiques d’Iris van Herpen, comme si la mer elle-même prenait vie au fil de la marche.

Le nom de la collection, « Sympoiesis », n’a rien d’anodin. Dérivé du grec, il signifie « création avec », et évoque des systèmes de co-évolution. Ici, la créatrice ne se contente pas de s’inspirer du vivant : elle collabore littéralement avec lui. La robe n’est pas une métaphore de la nature, elle en est une expression directe.

Une déclaration écologique haute couture

Au-delà de sa dimension spectaculaire, cette robe manifeste interroge : que signifie créer dans un monde vivant ? Peut-on faire de la mode sans exploiter, mais en cohabitant ? la créatrice, fidèle à ses expérimentations antérieures (vêtements sensibles aux champs magnétiques, exosquelettes 3D, tissus fluidiques), pousse plus loin encore la fusion entre design futuriste et conscience écologique.

Ce projet a mobilisé une trentaine d’étapes de fabrication, et le soutien de plusieurs institutions de recherche, dont l’Université d’Amsterdam et le Francis Crick Institute. Un manifeste vivant, destiné davantage aux musées qu’aux placards, qui transforme le vêtement en biotope.

Et pour continuer avec la semaine de la Haute couture, nous vous invitons à (re)découvrir ce collier qui bat comme un cœur humain, par la maison Schiaparelli, dévoilé à la Fashion Week également.

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