L’idée créative en un clin d’œil

  • Un film de Noël qui détourne la magie pour révéler l’indifférence : la Fondation pour le Logement des Défavorisés s’approprie les codes publicitaires des fêtes pour montrer, en creux, la réalité brutale des plus de 300 000 personnes sans domicile en France.
  • Un Père Noël comme symbole choc de l’invisibilité : en suivant un Père Noël ignoré dans la rue, dont on découvre à la fin qu’il s’agit d’une femme, le film rappelle que la précarité touche aussi des publics encore plus invisibilisés.
  • Une campagne sobre, frontale et assumée, imaginée par Rosa Paris et réalisée par Lola Quivoron, qui mise sur le contraste plutôt que le pathos pour replacer la question du sans-abrisme au cœur de l’espace public pendant les fêtes.

À l’approche des fêtes, la ville s’illumine, les vitrines débordent et les récits publicitaires célèbrent la chaleur, le partage et l’abondance. Une parenthèse enchantée qui, chaque année, laisse pourtant de côté une réalité beaucoup moins féérique : celle des plus de 300 000 personnes sans domicile (dont près de la moitié sont des femmes), pour qui l’hiver est avant tout une question de survie.

Avec sa nouvelle campagne imaginée par Rosa Paris, la Fondation pour le Logement des Défavorisés choisit de briser cette illusion. Pour la première fois, elle s’approprie les codes des films de Noël habituellement réservés aux grandes marques, afin de mieux les détourner. Le résultat : un film glaçant qui transforme une figure universellement aimée en miroir brutal de l’indifférence collective.

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Un Père Noël que personne ne regarde vraiment

Au centre du film, un Père Noël à contre-emploi. Son costume est usé, détrempé, lourd à porter. Tandis que la ville autour de lui déborde de couleurs et de chaleur, son quotidien n’est fait que de froid, de bruit et de danger. Il erre dans les rues, longe les vitrines illuminées, se fait bousculer, ignoré comme tant d’autres silhouettes anonymes croisées chaque jour.

Ce choix narratif simple mais redoutablement efficace repose sur un constat implacable : si l’on peut détourner le regard face à une personne sans-abri, personne ne peut ignorer le Père Noël. Et lorsque le film dévoile, à la toute fin, que ce Père Noël est en réalité une femme, le récit prend une dimension supplémentaire. La précarité change alors de visage, rappelant que la rue touche aussi des femmes, souvent encore plus invisibilisées. En incarnant la détresse à travers ce symbole universel, puis en le déconstruisant, la campagne force le regard et rend l’invisible impossible à éviter.

Le choc du contraste plutôt que l’appel à l’émotion facile

Là où de nombreuses campagnes de sensibilisation misent sur l’empathie directe ou la culpabilisation, Rosa Paris préfère le contraste. La magie de Noël est bien là, mais elle s’effondre peu à peu, laissant apparaître une rue dure, violente et désenchantée. Le film ne cherche pas à embellir : il montre la réalité telle qu’elle est, sans artifice ni pathos.

Réalisé par Lola Quivoron (Rodéo) et porté par l’image de Paul Guilhaume, récemment récompensé aux César, le film adopte un réalisme viscéral. Chaque plan rappelle que derrière les décorations et les chants de Noël, des vies sont en danger, même au cœur des fêtes.

Une prise de parole forte pour replacer la Fondation dans l’espace public

Diffusée à partir du 17 décembre en digital, cinéma, télévision, VOD, radio et sur les réseaux sociaux, la campagne vise autant à sensibiliser qu’à encourager le soutien aux actions quotidiennes de la Fondation. Si vous souhaitez participer à ce combat, n’hésitez pas à vous rendre sur le site officiel de la Fondation pour le Logement des Défavorisés pour faire un don ou découvrir l’ensemble de ses actions.

En s’installant dans un registre habituellement réservé aux grandes marques, la Fondation affirme aujourd’hui une parole plus visible, plus frontale, et surtout impossible à ignorer. À travers ce détournement du mythe du Père Noël, Rosa Paris rappelle une chose essentielle : regarder ailleurs est un choix. Et en prendre conscience est déjà une première étape pour agir.

Si, à l’approche des fêtes, la Fondation pour le logement a fait le choix d’une campagne « classique » pour toucher les gens avec ce film émouvant signé Rosa Paris, elle nous avait déjà surpris par le passé avec des idées plus originales, comme ces affiches qui permettaient de faire un don… sans contact.