Difficile de deviner Pikachu, Sonic ou Bart Simpson au premier coup d’œil dans les œuvres de 8TH PROJECT. Et pourtant, ils sont bien là. Décomposés, réinventés, réassemblés à travers un jeu précis de formes, de lignes et de couleurs, ces icônes pop deviennent des figures abstraites que l’on reconnaît plus qu’on ne les identifie. Derrière cette signature graphique unique se cache un artiste français installé au Mexique, dont la démarche séduit autant par sa radicalité que par sa poésie visuelle.
Basé au Mexique depuis 2019, 8TH PROJECT explore une vision déstructurée du réel, nourrie par Kandinsky, Picasso ou encore Paul Klee. En quelques années seulement, il s’est forgé une identité plastique forte, immédiatement reconnaissable, mêlant art abstrait et imagerie populaire dans des compositions géométriques à la fois modernes et profondément sensibles.

La pop culture redessinée à travers le prisme de l’abstraction
Sur son compte Instagram, 8TH PROJECT partage régulièrement des portraits stylisés qui empruntent leurs silhouettes à des personnages familiers : Mario, Iron Man, Homer, Bulbizarre… Tous deviennent méconnaissables au premier regard, mais lisibles dans un second temps. Comme un jeu de mémoire visuelle, où la Gestalt fait loi : ce n’est plus l’image fidèle que l’on voit, mais sa suggestion.
L’approche artistique repose sur une déconstruction méthodique : exit les traits réalistes, place à la composition pure. Lignes épaisses, aplats de couleurs vives, formes géométriques asymétriques… Chaque œuvre semble chercher un équilibre nouveau entre chaos et harmonie. Une interprétation singulière qui transforme les héros pop en totems graphiques.

Une démarche intuitive, née loin des écoles d’art
L’histoire de 8TH PROJECT est aussi celle d’un autodidacte. Né à Lyon dans une famille peu connectée au monde artistique, il commence à créer en 2020, muni de simples feutres et de feuilles d’imprimante. C’est en découvrant l’abstraction de Kandinsky qu’il trouve sa voie, entre ressenti et rigueur, inspiration et construction. Le nom même d’« 8TH PROJECT » fait référence à ses sept tentatives de carrière précédentes, dont la restauration ou le reiki, avant de trouver sa place dans l’art.
Aujourd’hui, il revendique une pratique libre, résiliente, et profondément ancrée dans ses échecs passés, qu’il transforme en moteurs de création. Ses œuvres, à la croisée des codes de l’art moderne et de la culture geek, circulent déjà sur les réseaux et commencent à séduire les amateurs et collectionneurs à l’international.
Une abstraction accessible, entre hommage et détournement
Ce qui frappe dans les œuvres de 8TH PROJECT, c’est leur capacité à rendre l’abstraction accessible. En détournant des références connues de tous, l’artiste tisse un pont entre le grand public et une forme d’expression souvent perçue comme élitiste. Il invite à observer autrement, à recomposer mentalement les figures qu’il déconstruit avec précision.
Dans un monde saturé d’images littérales, sa démarche agit comme un rafraîchissement visuel. Elle remet en jeu notre rapport à la représentation, tout en jouant sur la nostalgie et le plaisir de la reconnaissance. Une œuvre ludique mais exigeante, pop mais conceptuelle, qui brouille les pistes pour mieux stimuler l’œil.


















Piccolo