Pleurer son animal au travail ne devrait plus être un tabou. En Espagne, une entreprise vient d’en faire un principe officiel. À Madrid, Patitas&Co offre désormais trois jours de congés payés à ses salariés en cas de perte de leur compagnon à poils, à plumes ou à écailles. Une initiative inédite qui replace l’empathie au cœur du monde professionnel et pourrait bien inspirer d’autres employeurs.
Spécialisée dans les aliments pour animaux, Patitas&Co connaît bien le lien fort, et souvent sous-estimé, qui unit humains et compagnons de vie. “Le deuil d’un animal de compagnie est terrible, parfois pire que celui de certains membres de la famille avec lesquels nous ne passons pas beaucoup de temps”, explique sans détour Claudia Cañellas, fondatrice de l’entreprise. “C’est très douloureux, et je trouve que c’est handicapant d’aller travailler dans cet état.”

Pas question ici de ne viser que les chiens ou les chats : tous les animaux sont concernés, du lapin au poisson rouge, car “il n’y a pas de douleur meilleure ou pire qu’une autre”, insiste-t-elle.
Un tabou qui commence à se fissurer
Avec ses 33 employés, l’entreprise madrilène fait figure de pionnière. Depuis l’annonce de la mesure, d’autres sociétés ont déjà pris contact avec Claudia Cañellas pour comprendre comment adopter une démarche similaire. “Rien que pour ça, ça vaut le coup”, confie-t-elle, consciente d’avoir lancé un débat qui dépasse les murs de son entreprise.
En France, la loi reste silencieuse sur le sujet. Aucun congé n’est prévu par le Code du travail en cas de perte d’un animal. Seules quelques structures comme la SPA a adopté des initiatives internes, proposant un ou plusieurs jours de congés dans des cas précis, souvent sur présentation d’un certificat vétérinaire.

Une question de reconnaissance émotionnelle
Derrière cette décision, c’est tout un pan de la santé mentale et du bien-être en entreprise qui est mis en lumière. En reconnaissant officiellement la douleur liée à la perte d’un animal, Patitas&Co pose une question essentielle : où commence et où s’arrête la compassion au travail ?
Si certains en rient encore, d’autres saluent une avancée sociale inattendue à l’image du congé menstruel instauré récemment en Espagne ou des démarches de plus en plus nombreuses pour mieux intégrer les réalités émotionnelles dans les politiques RH.
Et si demain, pleurer son chien n’était plus un sujet honteux au bureau ? Patitas&Co ouvre une voie touchante et audacieuse, où le lien entre humains et animaux trouve enfin une place… même sur la feuille de congés.

