Quand la politique devient un prétexte pour faire preuve de créativité… Saint-Pierre-et-Miquelon vient de répondre avec panache et autodérision à une déclaration de Laurent Wauquiez qui a récemment enflammé la sphère médiatique. En pleine campagne pour la présidence des Républicains, le député a proposé d’envoyer les personnes visées par une OQTF (obligation de quitter le territoire français)… sur l’archipel, en soulignant son climat difficile et sa situation géographique isolée. Une sortie qui a déclenché une vague de réactions indignées — mais aussi une campagne de communication brillante du territoire concerné.
Plutôt que de céder à la polémique frontale, les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon ont préféré l’ironie bien placée. En transformant le sigle OQTF en slogans positifs, la collectivité territoriale a lancé une opération de communication 100 % feel good, pour défendre son image et son art de vivre. Une réponse fine et percutante, qui illustre comment une collectivité peut se réapproprier un bad buzz pour en faire un levier de visibilité.

Un détournement créatif du sigle OQTF
Sur les affiches partagées en ligne, le message est clair : à Saint-Pierre-et-Miquelon, OQTF ne signifie plus “obligation de quitter le territoire français”, mais plutôt “On Quitte Tout Facilement”, “On part en Quête de Tranquillité Familiale” ou encore “Ouvriers Qualifiés pour Travailler dans le Froid”. Des détournements malins qui jouent à la fois sur l’absurdité de la proposition de Wauquiez et sur les vraies qualités de ce petit coin de France situé à quelques encablures du Canada.
La campagne, pour l’instant déployée en digital sur les réseaux sociaux de la collectivité, met en avant les paysages, la proximité des services, la sécurité, et la sérénité de la vie sur place. Elle rappelle aussi, non sans une pointe d’ironie, que les fameux “146 jours de pluie et de neige par an” évoqués par le député peuvent être vus comme “146 jours pour chanter sous la pluie”… et donc “219 jours pour profiter du beau temps”.
Un pied de nez à une déclaration jugée méprisante
Dans sa proposition, Laurent Wauquiez affirmait que l’envoi de personnes sous OQTF sur l’archipel permettrait “d’amener tout le monde à réfléchir”, en raison du climat local. Une façon de présenter Saint-Pierre-et-Miquelon comme un lieu de relégation, qui a provoqué une vive indignation sur place. “On voulait sortir par le haut de cette polémique qui ne volait pas très haut”, a confié Johan Edet, directeur de cabinet du président du conseil territorial, à franceinfo.
L’humour est donc devenu une arme de résistance. Sur les réseaux sociaux, les habitants — mais aussi de nombreux internautes — se sont amusés à détourner le sigle OQTF avec leurs propres suggestions positives, transformant un sujet de tension en campagne participative.

Transformer une attaque en levier de notoriété
Au-delà de la réponse à Wauquiez, cette campagne est une véritable opération de “réenchantement” territorial. En utilisant une situation potentiellement nuisible à son image pour valoriser ses atouts, Saint-Pierre-et-Miquelon fait la démonstration qu’un territoire peut aussi se raconter par l’humour et la bienveillance. “Notre quotidien a des allures de luxe. On a le temps pour soi, pour sa famille et ses amis”, revendique la campagne.
Une façon intelligente de détourner la polémique, mais aussi d’attirer l’attention sur un territoire méconnu du grand public. “Notre territoire a subi deux bad buzz en deux semaines, avec les droits de douane de Trump et cette déclaration. Il fallait transformer cette communication négative en opportunité”, confie l’équipe du président du conseil territorial, Bernard Briand.
Avec sa campagne “OQTF revisitée”, Saint-Pierre-et-Miquelon nous rappelle que l’humour et la créativité sont parfois les meilleures armes face au mépris. Une réponse subtile et efficace qui, loin d’être une simple réaction, s’impose comme une véritable stratégie de marque territoriale. Parce que oui, dans l’archipel, on ne subit pas : on transforme, on détourne, et surtout, on rayonne.

