Cette édition de « 1984 » est scellée des deux côtés pour dénoncer la censure

Et si le chef-d’œuvre de George Orwell devenait illisible ? À l’occasion de la Banned Books Week 2025, la Dawit Isaak Library, première bibliothèque au monde dédiée à la liberté d’expression, et l’agence BBDO Nordics ont imaginé une édition inédite de 1984… qu’on ne peut tout simplement pas ouvrir.

Ce livre, relié sur ses deux côtés, contient bel et bien l’intégralité du texte d’Orwell. Mais chaque page est inaccessible, comme scellée à jamais. Une métaphore aussi radicale que brillante : en le rendant illisible, les créateurs matérialisent ce que signifie la censure, un monde où la lecture est littéralement fermée.

Quand la conception devient un acte de protestation

Baptisé The Bound Books Project, le concept utilise le design comme un outil de résistance. “Nous avons voulu créer un objet qui provoque d’abord la frustration et la colère, puis l’action”, explique Karan Nair, concepteur-rédacteur chez BBDO Nordics. Le message est clair : quand on empêche un livre d’être lu, on l’étouffe, exactement comme la liberté d’expression.

Ce projet est né au sein de la Dawit Isaak Library, installée à Malmö et nommée en hommage au journaliste suédo-érythréen Dawit Isaak, emprisonné sans procès depuis 2001. Pour la directrice Jasmina Dizdarevic Cordero, cette œuvre est une manière directe de dénoncer la multiplication des interdictions : “Quand un livre est banni, il devient un monde clos. En scellant 1984, nous rendons cette réalité impossible à ignorer.”

Un symbole mondial contre la censure

Des exemplaires de cette édition doublement reliée ont déjà été envoyés à plusieurs figures majeures de la littérature, parmi lesquelles Stephen King et la lauréate du prix Nobel Herta Müller. Un autre exemplaire circulera entre plus de 1 000 bibliothèques et librairies suédoises, chacune invitée à s’en servir pour ouvrir le débat sur le droit de lire librement.

Cette œuvre-manifeste transforme un symbole littéraire en outil de discussion mondiale. Là où les mots d’Orwell dénonçaient la surveillance et la manipulation, cette version physique de 1984 pousse la réflexion encore plus loin : dans un monde où les livres se ferment, la liberté s’éteint.

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