Des visuels soignés, une direction artistique maîtrisée, un casting impeccable. À première vue, on pourrait croire à une campagne publicitaire pour une marque de haute couture. Et pourtant, derrière ces images élégantes se cache un message alarmant : dans 67 pays, la liberté d’expression est aujourd’hui un luxe. Une nouvelle campagne signée PEN Québec entend le rappeler avec force.
Pour cette opération percutante relayée par Grenier, PEN Québec s’est entourée du bureau des artificiers, de Shoot Studio et de Publicité Sauvage. Ensemble, ils ont imaginé une série d’affiches qui mettent en scène les arrestations réelles de quatre figures de la liberté d’expression : l’écrivain algérien Boualem Sansal, la journaliste iranienne Narges Mohammadi, le reporter cambodgien Mech Dara, et l’écrivaine philippine Amanda Echanis.

Quand l’esthétique du luxe rencontre la brutalité de la répression
Le twist visuel ? Ces arrestations sont reconstituées dans une mise en scène directement inspirée des campagnes de luxe. Un contraste volontaire, troublant, qui fait surgir toute l’absurdité de ces persécutions.
Créer un malaise pour provoquer la réflexion
À l’origine du projet, une volonté de créer un choc esthétique. La force de cette campagne réside dans la tension qu’elle parvient à créer entre l’esthétique du luxe et la violence des exactions qu’elle dénonce. Le résultat : un objet visuel ambivalent, qui attire d’abord par la beauté de ses codes, avant de heurter par la vérité de son message.
Ce décalage est aussi un choix politique. En jouant sur les références publicitaires familières au grand public, la campagne capte l’attention et détourne les habitudes de consommation visuelle. Elle transforme les rues de Montréal en tribune pour les écrivains réduits au silence.
Une liberté de plus en plus menacée dans le monde
Lancée en juillet, la campagne vise à alerter mais aussi à mobiliser. Le message qui accompagne les visuels est sans équivoque : « Aidez-nous à ce que la liberté d’expression reste accessible à tous ». Un appel à la solidarité, mais aussi un rappel que ce droit, souvent tenu pour acquis, est aujourd’hui fragilisé par la montée des régimes autoritaires.
L’organisation PEN Québec agit pour leur libération, relaie leurs écrits et leur donne une visibilité précieuse. Cette campagne en est l’illustration concrète. Si vous souhaitez vous engager, vous pouvez adhérer ou faire un don sur leur site internet.
Une signature visuelle forte pour une cause universelle
Portée par un parti pris artistique audacieux, cette campagne fait le pari du contraste pour mieux éveiller les consciences. Le travail de la photographe Éléonore Côté-Savard, la direction artistique de Nicolas de Beauffort, et l’orchestration collective des agences impliquées donnent à l’ensemble une identité visuelle à la fois subtile et percutante.
Et dans cet esprit de codes détournés pour soutenir une cause, (re)découvrez la campagne “Don’t Call It Love” de YSL, qui détourne les codes du luxe pour briser le silence sur les violences conjugales.




