Une sculpture de l’abbé Pierre avec une érection fait polémique à Toulouse

C’est une œuvre qui ne passe pas inaperçue. L’artiste de rue toulousain James Colomina a une nouvelle fois frappé fort avec une sculpture qui suscite autant de fascination que de controverse. Présentée les 1er et 2 novembre dans l’église désacralisée du Gesù, à Toulouse, la statue de l’abbé Pierre, allongé sur un chariot métallique, est représentée avec le sexe en érection, simplement recouvert d’un drap blanc. Une vision choquante, pensée pour dénoncer les abus sexuels au sein de l’Église.

Intitulée “Silentium” (signifiant “silence” en latin), la sculpture ne laisse personne indifférent. En seulement deux jours, elle a attiré environ 800 visiteurs, certains émus, d’autres troublés ou même en colère. Noémie, une habitante du quartier des Carmes, confie à France Bleu : “Ça m’a émue aux larmes… Je pensais à toutes les victimes d’abus, d’ordre religieux ou autre. L’œuvre est puissante, surtout dans un décor aussi solennel.”

D’autres visiteurs ont exprimé des sentiments mitigés. Eddie, qui a découvert l’œuvre en solo, se dit “partagé” : “C’est choquant et assez déplacé. Je comprends l’intention de dénonciation, mais je me demande si c’est approprié de ridiculiser un homme d’Église, même dans une église désacralisée.”

Une œuvre qui dérange et questionne

James Colomina n’a jamais eu peur de choquer. Connu pour ses installations engagées et souvent provocatrices, l’artiste explique sa démarche sans détour à La Dépêche : “Je voulais parler des abus cachés trop longtemps par l’Église. Le fait que l’abbé Pierre soit allongé, mais encore en érection, symbolise les scandales omniprésents et le voile que la société met dessus.” Selon lui, le contraste entre la blancheur pure du drap et la connotation dérangeante de l’érection incite à une réflexion profonde sur la dualité entre sainteté et secret.

Pour ajouter à l’expérience immersive, Colomina a créé un environnement sensoriel : lumière sacrée, musique religieuse et encens pontifical accompagnent le chemin vers la sculpture. “Je voulais que les gens ressentent le poids de l’Église avant d’être confrontés à la brutalité de la réalité,” précise-t-il.

Un message clair, un choix artistique audacieux

Cette œuvre marque une transition pour Colomina, qui jusque-là utilisait surtout le rouge vif pour ses sculptures extérieures. “Le rouge capte l’attention, c’est une couleur d’alerte,” dit-il. “Mais dans un lieu intérieur et solennel comme une église, le blanc permet une contemplation plus introspective, presque silencieuse.” Cette sculpture est aussi sa première installation en intérieur, un choix qu’il considère comme un “nouveau langage” artistique.

Pour Colomina, l’art reste une arme de dénonciation, même s’il préfère garder l’anonymat :

“Je n’en ai rien à foutre des polémiques. L’art doit s’exprimer librement et secouer les consciences.”

James Colomina

Une œuvre éphémère qui laisse une trace

“Silentium” n’est restée visible que deux jours, mais l’impact est palpable. L’artiste se réserve la possibilité de vendre la sculpture aux enchères, mais l’œuvre a déjà marqué les esprits et suscité des discussions passionnées sur l’art, la religion et la justice. Une chose est certaine : James Colomina a encore une fois prouvé que l’art peut, et doit, déranger pour faire bouger les lignes. Dites-nous en commentaire ce que vous en pensez.

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